Entre côte et montagnes

Après le passage de 2 cols, une chute sans gravité et 40 kilomètres de piste, nous voilà à nouveau en bordure de l’océan Pacifique.
Nous avons eu un long tronçon sinueux à une seule voie, où il était très difficile de croiser. Dans une épingle à droite, je me suis retrouvé nez-à-nez avec un camion qui me barrait le passage. Mon réflexe a été de vouloir m’arrêter, mais le virage était en fort dévers et je me suis retrouvé en perte d’équilibre côté aval. Avec le poids de notre équipage, impossible de retenir la moto et on s’est tous retrouvés parterre !! Heureusement sans mal, ni pour nous, ni pour la Salamandre.
Pour nous remettre de ces émotions, nous passons une journée dans la ville de Trujillo dont le centre historique n’est pas dénué d’intérêts, avec ses nombreux bâtiments de style colonial. On agrémente tout ça de quelques bons repas arrosés par d’excellents vins du monde ! Et l’on fait également la connaissance de Kiko, un espagnol émigré au Pérou et qui est propriétaire de deux restaurants à Trujillo. Kiko est le cousin de Jacques Rousseau, l’un de nos suiveurs sur Polarsteps.

En quittant Trujillo nous faisons un arrêt juste à la sortie de la ville afin de visiter le Temple de la Lune, un complexe de la culture Mochica. A l’intérieur on peut observer de nombreuses frises représentant le dieu Ai-apaec qui répondait au doux surnom de «décapiteur». Pas étonnant quand on sait que cette culture pratiquait les sacrifices humains.
De retour vers la moto, nous sommes interpellés par un gars qui nous aborde en français, tout content et surpris de voir des Vaudois. Nous faisons la connaissance de Bernard qui vient de St. Cergue, et qui sillonne le monde avec son véhicule qu’il a lui même aménagé. Une belle rencontre qui prouve une fois encore que le monde est vraiment tout petit.
Nous longeons ensuite la côte Pacifique sur une centaine de kilomètres, jusqu’à la ville de Nuevo Chimbote où nous faisons étape pour la nuit. Toute cette région côtière est désertique, plutôt moche et sans intérêt, avec des déchets partout le long des routes et une circulation infernale. Demain on reprend la direction des montagnes et on se réjouit de retourner dans les Andes… Ah j’oubliais, à la pause de midi on a également fait la connaissance de Ronaldo et Quevedo, deux brésiliens qui font 7 pays d’Amérique du Sud en 40 jours !

Nous quittons Chimbote et la côte Pacifique en empruntant la route qui longe le Rio Santa. Nous prenons gentiment de l’altitude et la vallée se resserre au fil des kilomètres. Le pont abîmé que vous voyez sur les photos est toujours en service, et nous avons eu le privilège de voir un 4x4 le traverser. Heureusement que Harry nous avait averti et on a pu changer notre itinéraire afin d’éviter de devoir traverser le fameux pont.
La route devient également de plus en plus étroite lorsque nous entrons dans le fameux Cañon del Pato. C’est le point de rencontre des Cordillères Blanche et Noire : séparées par endroits par seulement 15 mètres, les parois forment un impressionnant gouffre, étroit et profond. La route qui surplombe la falaise abrupte est impressionnante. Elle est très étroite et comporte 35 tunnels creusés à la main, sur une distance d’environ 25 kilomètres.
Nous arrivons finalement à la petite ville de Caraz, qui se situe au pied de la Cordillère Blanche. Depuis notre hôtel nous avons une vue imprenable sur le mont Huandoy qui est, avec ses 6’395 mètres d’altitude, le 3ème plus haut sommet du Pérou.

Une journée extraordinaire à travers le parc national de Huascarán, au milieu des géants de la Cordillère Blanche. Cette chaîne de montagnes s'étend sur 180 kilomètres de longueur et sur environ 25 kilomètres de large. Elle comprend 17 sommets d'une altitude supérieure à 6’000 mètres, plus de 500 lacs et 722 glaciers. Sur les deux premières photos vous pouvez admirer le Huascarán qui est le plus haut sommet du Pérou avec 6’768 mètres. Une route magnifique nous amène jusqu’au tunnel de Punta Olimpica, dans un décor absolument grandiose. Culminant à 4’736 mètres d'altitude, il s'agit du plus haut tunnel routier du monde. Et pour nous c’est également la plus haute altitude que nous ayons atteint à ce jour !!
Nous sommes maintenant passés sur le versant Est de la Cordillère Blanche et nous passons la nuit dans le joli petit village de Chacas, toujours à l’altitude respectable de 3’367 mètres.

Notre itinéraire prévoyait de contourner la Cordillère Blanche par son versant Est, mais ce matin au réveil c’est un temps gris et maussade qui nous accueille. Il a plus durant la nuit et de la pluie est encore annoncée sur l’itinéraire prévu. Comme ce dernier comprend un tronçon de 60 kilomètres de piste, nous décidons de ne pas nous aventurer sur ce terrain qui risque fort d’être boueux. Nous reprenons donc la route du Punta Olimpica dans l’autre sens afin de rejoindre la ville de Huaraz, sur le versant Ouest de la Cordillère Blanche. Le décor change par temps gris, et la température aussi ! Il fait un tout petit 2 degrés à la sortie du tunnel, et il reste des traces de la neige qui est tombée durant la nuit. Heureusement que le temps est meilleur sur ce versant et il fait même plus de 20 degrés avec le retour du soleil, lorsque l’on atteint la vallée.
Quelle surprise de se retrouver dans un hôtel géré par des Suisses, et dont le restaurant propose une fondue au fromage à base de gruyère et de vacherin que le propriétaire ramène lui-même directement de Suisse. Merci à Mario pour cette excellente moitié-moitié et pour le bon moment passé ensembles !

Après la grisaille d’hier, c’est sous un soleil radieux que nous quittons Huaraz et la Cordillère Blanche afin de retourner vers la région côtière. On pourrait s’attendre à aller vers le chaud, mais en cette période de l’année il fait plus frais au bord de l’océan où règne le brouillard, qu’à 3’000 mètres d’altitude. Heureusement que ça s’estompe dès que l’on s’éloigne un peu de la côte…
Notre lodge du jour nous a été recommandé par Mario, qui a omis de nous dire que pour y accéder, il faut parcourir 30 kilomètres de piste. Cette dernière est en plus ou moins bon état, à part un passage dans le lit caillouteux de la rivière à sec, et quelques passages avec du sable. Mais ça passe sans mauvaise surprise. Nous nous trouvons dans la vallée du Rio Supe qui est une région très fertile. On y trouve toutes sortes de cultures, notamment piments, oranges, mandarines, avocats, artichauts et j’en passe. Le tout bien sûr destiné uniquement à l’exportation vers l’Europe et l’Amérique du Nord.
A quelques kilomètres avant l’hôtel nous faisons un arrêt afin de visiter le site archéologique de Caral. La ville sacrée de Caral se trouve en plein désert, sur un plateau surplombant la vallée. C’est le vestige de la plus ancienne cité d'Amérique connue à ce jour. Le site, composé de nombreuses pyramides et bâtiments, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous nous rendons ensuite à notre lodge pour une dernière nuit au milieu des arbres fruitiers, car demain nous prenons la direction de Lima…

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